Note de lecture #2 Roman court

J’aimerais soulever un point de classification de plus en plus arbitraire, il y va du salut public des gens de lettres, surtout dans l’imaginaire par trop inféodé au vocabulaire anglo-saxon, et pas trop au fait des correspondances de l’anglais au français. Voyez ça comme une rectification qui rappellera les miles et les kilomètres.

Fiche « format » avec sept titres célèbres.

1 – L’Étrange Cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde, Robert Louis Stevenson

2 – Métamorphose, Franz Kafka

3 – L’Orange mécanique, Anthony Burgess

4 – La Ferme des animaux, George Orwell

5 – Le Vieil Homme et la Mer, Ernest Hemingway

6 – L’Étranger, Albert Camus

7 – Le Château d’Otrante, Horace Walpole

Tous sont ce qu’on appelle en langue française depuis deux siècles des romans courts, « novella » en langue anglaise. Ce ne sont pas des nouvelles, « novelette » en anglais.
Personne n’aurait l’idée de parler de nouvelle à propos de L’Étranger.
Roman, roman court et nouvelle sont une convention pragmatique de format, indépendante de toute structure ou autres billevesées concernant le nombre de personnages, de thématiques ou d’arcs scénaristiques. Par exemple, il n’y a aucun argument littéraire, à part la taille, qui démontre une quelconque différence de structure entre un roman ou un roman court épistolaire et une nouvelle épistolaire.

Les nouvelles font de quelques mots à 17 500 mots, ou moins de 80 000 signes.
Les romans courts font entre 17 500 et 40 000 mots, de 80 000 à 250 000 signes (environ).
Les romans, eh bien, tout ce qui dépasse les 40 000 mots ou 250 000 signes, même si l’on ajoute couramment « fleuve » quand ils deviennent énormes.

Même si les mesures fluctuaient légèrement, sinon ce n’est pas drôle, comme pour les autres unités de mesure, sans oublier la méthode de comptage : à la ligne, au mot, au signe. (la ligne ne se fait plus, mais je rappelle que l’expression « tirer à la ligne » (allonger la sauce du texte au maximum) signifiait beaucoup pour les écrivains payés justement à la ligne).

Je vous en donne la preuve (vérifiée aujourd’hui par comptage des textes en ligne exportés sur mon traitement de texte) de trois d’entre eux. Je n’ai pas cherché exactement pour chacun, mais je vous invite à vérifier si vous êtes sceptiques.

L’Étrange Cas du Dr Jekyll et de Mr Hyde, Robert Louis Stevenson : 163 000 signes, 27 000 mots

Métamorphose, Franz Kafka : 120 000 signes, 20 000 mots

Le Château d’Otrante, Horace Walpole : 195 000 signes, 34 970 mots

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