Une reprise d’un souvenir aimablement mis à disposition par Facebook… évidemment, le rappel casse un chouïa l’ambiance de ce dimanche en 2017. Vous m’en voudrez peut-être si par hasard vous lisez ce texte, et je vous demande pardon d’obscurcir ce jourd’hui. Pourtant, malgré la tristesse en retrouvant la mémoire immédiate de Ce jour-là, comme le nomme l’impavide réseau social, le 8 janvier 2015, au lendemain d’une tragédie qui se répétera, mes convictions demeurent. Je pense important de les dire encore, et il me semble les avoir écrites alors mieux que tout autre jour, même si l’émotion s’en mêlait plus que la raison.

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Pour lutter contre la peur, l’humiliation, le sang et les larmes, pour engager jusqu’à la moelle chaque parcelle de ma propre existence, une parmi toutes, dans la seule lutte qui m’anime chaque jour : préserver la liberté de vivre ensemble libres chacun contre toute tentative de réduire un seul en esclave au nom d’une idéologie supérieure, je ne peux pas emprunter les mots d’un autre. Je ne sais rien faire à part écrire, mal ou bien n’a pas d’importance, mais c’est comme ça que je traduis ce que je suis pour m’ajouter aux voix qui peuplent le monde. C’est le nôtre. Ce poème, je l’ai écrit il y a plusieurs mois pour combattre le renoncement, pour affirmer que jamais je ne tairai mes convictions. Anonyme laborieuse, pour mes droits et mes devoirs, je n’ai pas peur de m’exprimer, je ne crains ni l’humiliation, ni le sang, ni les larmes.

j’écrirai aux encombrants,
aux poubelles près des bancs
des mots grotesques et souillés
des cadavres gras de noyés

je hurlerai que je vous aime
en hématome post mortem
au doux creux de la bouche brune
endormie des fosses communes

d’anonymes ensevelis
mes frères humains dans leur lit
de mes humeurs et de ma chair
sans m’humilier feront chère
et du sang des vifs l’échanson
des leçons dites par Villon