Un jardinier, une pie, des livres et la musique

5 novembre

Au milieu du houx, une tête et une main sont apparues à la fenêtre de mon bureau, un type a toqué, au premier étage. Il s’est assis confortablement sur les tuiles, les pieds dans le chéneau, pour bavarder deux minutes.
C’était le jardinier, il désirait que je lui désigne les sureaux qu’il pouvait sacrifier. D’un index accusateur, il me montrait la masse enchevêtrée et me désignait les arbres pour m’encourager à les condamner ou à les gracier, et moi, sans comprendre, je m’effrayais de le voir glisser et transpercer la gouttière antédiluvienne, sur le point de sortir pour l’obliger à réintégrer son échelle.
Malgré son empressement, j’ai repris mon sang-froid pour lui refuser l’élagage du houx ; ses branches sont couvertes de baies et les oiseaux s’en régalent. Avec une moue désappointée par l’imparable argument, il a enfin regagné la terre ferme.

10 novembre

Visiteuse du dimanche matin à ma fenêtre.
Après le cortège de mésanges, merles et grives, et le jardinier voltigeur, une pie a frappé aujourd’hui au carreau pour me présenter un numéro burlesque.

15 novembre

Vous souvenez-vous du jardinier acrobate qui toquait à la fenêtre de mon bureau ? Ce matin, raisonnable, il a sonné au portail et il a dit : « Je crois que les bouquins, ça vous intéresse » et il a ouvert son coffre rempli. « Je vous les donne, hein, pas de ça entre nous », a-t-il ajouté.
Parmi les reliures de toute une vie d’abonnement aux sélections de livres par correspondance, il y avait une pile de disques et, parmi eux, cet incunable, désormais dans mon bureau.
Des oiseaux dans le houx au jardinier assis sur le toit, les pieds dans le chéneau, la boucle s’achève en musique sur la platine.

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