Quand une peintre m’offre une fenêtre sur son imaginaire, les mots galopent sous mon crâne pour en raconter les histoires.


Allemande, Jeanne Mammen (1890 — 1976) vit avec sa famille en France où elle étudie l’art ainsi qu’à Bruxelles et commence une carrière prometteuse. La Première Guerre mondiale l’oblige à fuir avec son père, industriel à Passy, jusqu’à Berlin. Leurs biens confisqués, elle propose ses travaux et finit par en vivre, les années 1920 sont fastes, les revues achètent ses dessins, elle abandonne le symbolisme au profit de la Nouvelle objectivité. La montée du nazisme auquel elle refuse de collaborer entame une longue période de dénigrements, il y a peu de doute sur son lesbianisme, puis de repli : bien que ne s’élevant pas publiquement contre le régime, elle adopte ce que les intellectuels allemands nommeront l’émigration intérieure, une résistance passive qui s’exprime dans ses tableaux inspirés des œuvres dégénérées comme celles de Picasso. Pour en savoir plus, lire ici, De paysage en paysage.
La toile « Sphinx und Chimäre » est nettement symboliste, d’avant-guerre 1914-18 probablement, mais Jeanne Mammen ne datait pas ni ne signait, jugeant inutiles ces précisions pour apprécier sa peinture.