Moi aussi, aujourd’hui, j’aimerais les certitudes de la parole des morts, entendre la voix de Jacques Prévert clamer dans les manifestations des gilets jaunes :

Dis donc camarade Soleil
tu ne trouves pas
que c’est plutôt con
de donner une journée pareille
à un patron ?

Dans la rue, la trompette de Boris Vian sonnerait le chant du Déserteur quand le gouvernement décide de rétablir un service national, pendant qu’une banderole illustrée par Frans Masereel soutiendrait Extinction Rebellion sur un air d’accordéon.
J’aimerais tant que Louise Michel en tête des défilés réclame le RIC et le partage des richesses, car « Ce n’est pas une miette de pain, c’est la moisson du monde entier qu’il faut à la race humaine, sans exploiteur et sans exploité » ou qu’elle représente le futur du féminisme : « Simple, forte, aimant l’art et l’idéal, brave et libre aussi, la femme de demain ne voudra ni dominer, ni être dominée. »
Mais je n’ai que l’incertitude de la parole des vivants qui n’ont guère le temps de mourir pour donner la preuve de leurs convictions.
Alors seules les idées demeurent et valent d’outrepasser le doute et la crainte de se tromper.

« Le soleil noir », Odilon Redon, vers 1900.

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