Fatiguée, plus que ça même.

À part remplir le quota du travail payé, le reste se délite à fond perdu pendant que je pense aux personnes qui dehors s’épuisent à fuir pour être accueillis par des monstres de souche, ces blanchouillards incultes, leur imbécillité obtuse et cruelle exploitée par des gens rusés, sans intelligence véritable, en costume et en tailleur d’apparat, pour rogner des morceaux de pouvoir, pour gagner leur avancement politique, pour gagner un peu plus d’argent, pendant que leurs victimes communes se noient ou sombrent, folles de douleur. Et je tente d’imaginer les choses que ces personnes jetées sur les routes aimaient, avant ; si elles collectionnaient des objets, des livres ou des figurines de super héros, si elles chantaient des refrains appris dans les émissions pour la jeunesse à la télé, si elles aimaient les fleurs ou cultiver leur jardin, si elles rêvaient d’un avenir extraordinaire ou d’amour dans leur sommeil. Puis je me rappelle que pour les plus jeunes, que pour les enfants, jamais il n’y a eu d’avant et je me rappelle aussi qu’ici, dans ce pays, des citoyens, des préfets, des fonctionnaires, des agents de police, des juges et des ministres, et un seul président qui mène la danse, décident de leur refuser un après. Et tant s’en soucient si peu.

Peut-être est-ce seulement pour cela, pour résister à cette indifférence, que j’imagine ces silhouettes lointaines une vie chacune et peine à vivre la mienne déjà si bien remplie, si confortable, si aimante. Un désir inutile de leur offrir en partage la mienne, si vaine au regard de leur souffrance, et la tristesse honteuse de mes mains pleines qui ne peuvent leur donner la réparation.

C’est pour cela qu’il faut signer l’appel de l’Aquarius,
pour briser l’indifférence et sauver les véritables sauveteurs :
https://you.wemove.eu/campaigns/sauvons-l-aquarius-et-le-sauvetage-en-mer