Mon cinéma de minuit moins le quart : en fusée vers le cosmos russe !

Le soir, je regarde des films de science-fiction pédagogique tournés en U.R.S.S., c’est mon côté anarcho-stalinien puéril… mais tout le monde me pardonnera, un chat se promène dans la fusée !

Большое космическое путешествие, traduit en français par Le grand voyage dans le cosmos, rencontra le succès en Union soviétique, un film court (60 minutes) pour la jeunesse toujours chéri aujourd’hui. La bande musicale en est une raison importante, très appréciée du public, elle était composée par Alexeï Rybnikov, un artiste souvent sollicité pour les œuvres à destination des enfants, et deux des morceaux, chantés par la voix flûtée de la jeune actrice. L’un présente des similitudes avec le tube de Jeanette « Porque te vas » diffusé à peu près à la même époque, cependant l’analogie demeure superficielle, ce tube du film Cria Cuervos de Carlos Saura date de 1974 et ce film aussi.
Réalisé par Valentin Selivanov, il a adapté une pièce de théâtre de 1970, Первая тройка, или Год 2001-й… (Les trois premiers ou l’année 2001), écrite par Sergei Mikhalkov.
Les trois enfants acteurs ont suivi des chemins très différents : après quelques films Sergei Obrazov (Fedya) a abandonné le cinéma afin de vivre plus anonymement. Igor Sakharov (Sasha) également, mais pour s’engager dans l’armée, il est mort à la suite de ses blessures en Afghanistan à l’âge de 32 ans. Ludmila Berlinskaïa (Sveta) a préféré entamer une carrière musicale, elle est devenue une pianiste renommée et s’est installée en France où elle enseigne, joue et organise des manifestations. Nés en 1960 et 1961, ils avaient tous les trois aux alentours de treize ans.
À noter le cameo à la fin du film quand apparaît Alexeï Leonov, le cosmonaute russe sélectionné dès les débuts de l’ère spatiale, en 1961 : son message à la jeunesse est filmé alors qu’il peint des paysages de l’espace, car la peinture le passionnait depuis son enfance.

À l’image de l’affiche, le film a le charme des sentiments qui agitaient le monde au commencement de la conquête spatiale, cet espoir de pouvoir quitter la Terre pour découvrir l’inconnu… et pour y implanter aussi l’espèce humaine avec un esprit colonialiste, hélas. Tourné dans un objectif éminemment pédagogique et édifiant, le film n’en souffre pas trop malgré quelques lieux communs éculés aujourd’hui, il conserve la fraîcheur des jeunes acteurs qui jouent à “si j’étais” en chantant et dansant parfois, avec une certaine mise en abyme puisque… ce serait spoiler que d’expliquer pourquoi. Le scénario naïf ne s’emberlificote pas dans les incohérences, il est même solide. Les images demeurent pour évoquer tout un imaginaire de machines à gros boutons et d’intérieurs de vaisseaux spatiaux plutôt astucieux, la science russe oblige. Une séquence humoristique réussie rappelle la malice des enfants et augure du rôle des futurs hackers, tout à la fois .
Et puis n’oubliez pas le chaton, il traverse les cloisons.

Extraits montés du film.

Un peu plus tard, en creusant le sujet, j’ai découvert que le film avait été diffusé en France vers 1975, en VHS avec une jaquette très 70′ ! L’affichiste est anonyme.

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