Ma vie est un roman d’aventures

Dans les entrelacs serrés de sagaies vertes, les balles sifflaient et bondissaient entre les branchages. N’écoutant que le courage du reporter qui sommeillait en moi, affalée devant ma fidèle Underwood, j’attrapai boîtier et objectifs et j’écartai la moustiquaire. Le doigt sur l’obturateur, je mitraillai sans relâche en rêvant de Pulitzer : il me fallait un cliché de ces terroristes de la sieste, toujours dans l’ombre, prêts à rompre la trêve de l’abreuvoir. J’étais presque à court de munitions quand une grise féline survint par l’escarpement des gouttières. Elle évitait, vive et agile, les eaux marécageuses sur son chemin, mais sa silhouette allongée par le couchant frôla le houx. Les troupes ailées fuirent en vacarme et plumes dispersées vers les grands ifs. Encore effarée par la violence du tumulte alors que le silence assourdissait mes tympans, dans un geste réflexe, je réussis l’unique instantané et je capturai son regard rêveur de prédateur désappointé.

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