Peler une orange.

Et me retrouver à l’endroit exact de la cuisine, à Landrecies, quand malhabile pour l’éplucher, je coupais l’orange en quatre au couteau dentu. L’odeur pénétrante de l’agrume pendant que je rognais les quartiers jusqu’au blanc, le jus astringent qui me piquait les lèvres et coulait dans mon cou. Sur la table, au côté de ses pépins alignés, reposait le petit cœur double de son centre que j’avais détaché pour l’avaler à la fin. Les doigts poisseux, j’allais à l’évier rincer au robinet les dégâts et calmer la brûlure de mes égratignures, le parfum demeurait incrusté jusqu’au soir.

À chaque orange, le souvenir de la première s’interpose.

 

Lilla Cabot Perry (1848 – 1933) Portrait of a Young Girl with an Orange.

2 réactions à “L’orange

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