Le ciel léger et bleu comme du cristal translucide pourrait se briser au passage d’un avion. La température ce matin s’écroulait sous le zéro, à -5°. Aucune blancheur givrée ne recouvrait le jardin de ce linceul de frimas qui embellit les grands froids, il s’était figé la nuit dans une attitude éplorée, les feuilles recroquevillées pendaient aux épaules basses des arbres, leurs couleurs noircies malgré la lumière éclatante tombée du soleil. 7° à l’intérieur, le café s’est refroidi pendant que je déjeunais, l’œil perdu au-dehors. Je suis sortie avec la chienne. D’un coup de croc, elle a brisé les cinq centimètres de glace à la surface de sa gamelle et lapé l’eau épaisse au fond. Les chattes ont attendu qu’elle se soit désaltérée longuement, avec des halètements à fendre le cœur le plus endurci, pour boire à leur tour, chacune pressée, sitôt la porte ouverte, d’aller se nicher en boule dans les coussins. Vers midi, nous les humains avons pu rentrer trois stères de bois ; deux heures plus tard, l’extrémité de mes doigts brûle autant que si je les appuyais sur les braises du feu quand il flambera.

 

Les cascades de l’œil en hiver, 2015.

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