L’esthète de mule est en grève

L’esthète de mule est en grève. Elle l’a toujours été et le sera tant que la justice sociale ne gouvernera pas en lieu et place de l’État corrompu. La justice sociale ne permettrait pas l’anéantissement de l’écologie et des droits humains, elle ne pourrirait pas le territoire et les êtres vivants au bénéfice d’une poignée de privilégiés, elle ne gouvernerait pas au mérite lors d’une compétition morbide, mais au nom de la vie si brève qu’on lui doit la protection générale.
L’esthète de mule refuse de travailler pour les projets vénaux destinés à enrichir une seule personne, ou un pool d’actionnaires, en argent ou en pouvoir, quel qu’il soit, au détriment des arts et de la culture. Pauvreté pour pauvreté, elle préfère donner son temps à des idées collectives plutôt que se condamner à des travaux forcés rétribués avec à peine de quoi survivre.
La ligne est assez simple à tenir, car il suffit à l’esthète de mule de se poser la question des whodunit quand une appropriation est soupçonnée : à qui profiterait le crime ? S’il ne fait vivre ni l’art ni l’artiste, s’il n’offre aucune idée au public, sinon de la nourriture calibrée comme un aliment dosé pour entretenir du bétail, s’il n’améliore pas le quotidien en respectant l’intelligence et la sensibilité de toutes les parties, il n’y a pas d’art, la culture est vendue au culte du profit et aux profiteurs.
Dénuée de tout respect pour les maîtres et les dieux, l’esthète de mule n’éprouve aucun problème pour associer le comportement sans éthique des ego à leur production artistique. L’art n’est pas la glorification conceptuelle des violences, comme la culture n’est pas l’exécutrice des bonnes œuvres des bourreaux. Que ces méprisables humains cherchent ailleurs la justification de leur existence, l’art n’est pas leur otage.
L’esthète de mule assume ses prises de position, car elle a toujours préféré être responsable d’elle-même.

 

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