Les arts quand l’humanité se dévore

« Mon esprit a été formé à l’école de la beauté unie au besoin de justice. C’est pourquoi je pense que, dans cette nuit de la vie, l’art est notre seule lumière et, peut-être l’unique espoir du perfectionnement universel.

Je ne saurais expliquer pour quelle raison j’ai toujours conçu les beautés artistiques comme des divinités chargées d’améliorer l’homme, de civiliser le monde. Aussi l’idée de l’art pour l’art, ou l’art pour rien, n’est jamais entrée dans mon esprit. Je n’arrive pas à comprendre comment on peut goûter, admirer, exalter une beauté artistique, et rester en même temps un homme méchant, égoïste. Il me semble inconcevable qu’un être humain puisse cultiver le cœur, l’esprit, sans qu’il prenne immédiatement un vif intérêt à ce qui se passe autour de lui ; sans qu’il devienne sensible — s’il ne l’est pas de naissance — aux multiples misères et injustices qui ravagent l’humanité. »

Panaït Istrati, « Les arts et l’humanité d’aujourd’hui« , 1932.

J’ai acheté ce joli livret des éditions L’Échappée après avoir lu la 4e et le premier paragraphe, éblouie de découvrir en quelques lignes la même conviction, peut-être romantique ou exaltée me dit-on, et la même difficulté à comprendre, en fin de compte, l’incompréhensible. La suite est à la hauteur de mon attente, un réconfort, une surprise, l’assurance que le temps est parfois battu par l’esprit qui perdure.

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