Le temps élastique de l’écrivante apprentie

En quatre années filantes à la vitesse de la lumière, les événements se sont bousculés dans mon existence. Le temps pourtant me paraissait désespérément lent pendant que je travaillais à perdre haleine, anxieuse de l’avoir perdu pendant plusieurs décennies quand j’avais renoncé à me lancer dans la seule activité qui me passionne autant que lire : écrire. Pêle-mêle me reviennent l’angoisse et la jubilation au cours de ce voyage autour de mon bureau. Le découragement parce que l’expérience me manquait, les tâtonnements dans le brouillard pour saisir et tisser les ficelles d’un métier difficile, celui de raconter des histoires. Le bonheur de jouer avec les mots, et tout à coup, les sentir un instant ruisseler sous la langue avec la saveur que je désirais. Et puis de nouveau insatisfaite, recommencer, encore et encore, pour approcher la perfection dont on rêve sans l’atteindre.

Doutes, enthousiasmes, morosités, arrogances, j’ai vécu un temps élastique à bord d’un engin imaginaire embarqué dans les montagnes russes d’une fête foraine. Par extraordinaire, alors que je frôlais précipices et sommets, mon entourage n’a cessé de veiller à me garder sur les rails. Ils sont nombreux ceux à qui je dois d’être parvenue non seulement à publier mes premiers textes, mais surtout à maîtriser plus sereine les passions qui me dévoraient à l’excès. Je ne les remercierai jamais assez de l’attention que parfois j’exigeais avec maladresse parce qu’elle m’est indispensable, ainsi va la mule et je crains que l’âge ne l’arrange pas.

Mais foin de ces billevesées sentimentales, on me dira encore rongée par le romantisme tombé en désuétude avec l’absinthe au deuxième millénaire. Avec aplomb, je me vanterai ici de figurer au sommaire de quelques beaux essais, d’anthologies remarquables, et même à la proue de romans divinement illustrés. Une route exquise en compagnie de talentueux auteurs, illustrateurs, éditeurs auxquels je n’oublierai certes pas de joindre maquettistes, graphistes et indispensables relecteurs.

 

2 réactions à “Le temps élastique de l’écrivante apprentie

  1. La fenêtre est ouverte. La neige s’est déposée à l’intérieur, sur l’appui. Dehors, c’est l’été. Un temps idéal pour sortir et faire ses premiers pas. Bonne route à l’écrivante-apprentie (qui ne le sera pas restée longtemps).
    L.D.

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