Le Journal de Jules Renard lu par Fred

Cela me fait penser à tous ces braves morts au champ d’honneur… mais les peureux aussi sont morts et ils s’en seraient bien passé.

Le Journal de Jules Renard lu par Fred est un enchantement, sardonique, triste ou tendre. Je possède la version de 1988, en sépia mélancolique, et bien sûr je la préfère à la réédition pourtant toute en couleur, sans autre motif que celui d’aimer le choix en demi-teinte assortie aux extraits que le dessinateur raconte.

Parfois, je me demande ce que deviennent toutes les larmes qu’on ne verse pas.

Je n’habite pas assez près de la campagne ou d’une forêt, mais je voudrais sortir et déambuler comme le Renard fantasmé de Fred entre les flaques sur le chemin caillouteux et les arbres habillés d’été ou nus d’hiver. Je leur répondrais, car ils ont toujours des choses à vous dire dans votre esprit même s’ils se taisent à jamais, que les larmes qu’on ne verse pas nous embrument la tête.
Les morts se racontent leur vie, Fred se dévoile en parlant de ses défunts avec Renard qui bavardait en compagnie des siens le siècle précédent, et je réalise qu’avec un bel aplomb, fanfaronne, je m’immisce dans leur conversation ! Mais sur ce chemin, les disparus ne reprochent pas à l’inconnu sa familiarité, ils pensent sûrement à autre chose.

Vous pensez trop, monsieur Renard.
– Mais non, Corbeau, mais non… Il faut toujours casser la glace qui se reforme dans le cerveau pour l’empêcher de geler.

Le Journal de Jules Renard lu par Fred, Flammarion, 1988.

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