Lorsqu’après Plymouth, le promeneur s’engage dans la pince de crabe que forme la pointe la plus au sud de Cornouailles, il entendra, s’il est attentif, un tendre chant. Les paroles ne sont guère perceptibles au milieu des terres, et peut-être croira-t-il, quand attiré par le son, il dirigera ses pas vers Zennor, les deviner mieux en haut d’une falaise ravinée par la mer celtique. Pourtant, s’il a bien choisi sa destination, le curieux enchanté ne distinguera rien des mots de la complainte enjôleuse sinon les arpèges d’une voix juvénile noyés par l’inexorable mélopée des flots. Désappointé, le mélomane rejoindra le village par le sentier côtier. S’il visite la chapelle qui borde l’église à sa main droite et, fatigué de son détour, s’étend sur le simple banc qu’elle propose aux pèlerins, il découvrira sculpté sur l’un de ses pans, le portrait de la sirène de Zennor. Son nom est oublié, s’il n’a jamais été connu il y a cinq ou six siècles quand elle est venue, mais les habitants se souviennent de celui du jeune poète, Matthew Trewella, qui la charma. Car il est l’amant chanteur que l’on entend fredonner une mélodie si belle et si touchante que la sirène l’aima et l’emporta au fond des eaux à l’alentour de Pendour Cave.

 

John Reinhard Weguelin (1849 – 1927) : The Mermaid of Zennor (1900).

…mais ne jurerait-on pas que l’ensorceleuse avait un portable et attira le poète d’un seul SMS : « Je t’attends au pied de l’escalier, je serai à moitié nue. » ? Hum…

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