La chienne aboie, sa toux rauque et basse résonne sourdement dans la nuit. Elle grommelle avec discrétion, le ton modulé d’un animal bien élevé, mais insistant, déterminé à signaler son désir de rentrer. Je me réveille, la bête est dehors et se plaint. Malgré sa fourrure de camouflage dans les tranchées, elle n’aime pas les petits matins gelés. Je me souviens l’avoir vue couchée devant la baie vitrée, à l’intérieur de la maison. Elle a dû convaincre plus tard l’un ou l’autre des humains qui vivent ici de la laisser courir dehors et, ensommeillé, celui-là qui lui avait cédé oublia de lui ouvrir de retour vers son lit.
Je quitte à tâtons le cocon du mien pour affronter les frimas dans les communs de la maison. Encore tiédie de la touffeur sous les couvertures, j’aperçois les trois degrés extérieurs qu’affiche le thermomètre cloué sur le mur, je frissonne par anticipation en baissant la poignée métallique de la porte. La chienne s’engouffre en silence, le balancier de sa queue bat la vitre et mon genou pour manifester son contentement, puis elle trotte sagement se blottir à sa place au coin de la cuisine, dans la posture navrée de celle qui a dérangé, victime des circonstances.
Tandis que le café passe en crachouillant des glouglous de dindon, nous bâillons en chœur un chapelet vaporeux. Leurs fleurs de coton éclosent comme à la récolte et s’élèvent nuageuses dans les courants d’air vers le plafond. Je monte à l’étage, la tasse brûlante entre mes mains pour les réchauffer, le bureau est encore vivant, il a gardé la chaleur diffuse des occupations récentes. À l’instant où recrue de fatigue, l’heure grise me pèse, le soleil perce les deux meurtrières, ses rayons saturés de particules radieuses et dansantes. Tous les bois de la mansarde se colorent de caramel tendre. La récompense de l’aube.

Un jour, là, en mars

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