Je voudrais écrire quelques mots publics et intimes.
Joseph est mon ami. Le dire au passé provoque un déchirement intolérable, il ne peut pas se conjuguer à l’imparfait, il existe parfaitement dans ma vie depuis mes trente ans. Je chanterai le générique de Zorro, et je l’entendrai comme lorsque nous l’avons chanté ensemble dans la nuit, avec le Z dessiné du doigt. Je mangerai des loukoums et j’en comparerai le goût avec ceux qu’il m’a rapportés quand il a su que je les aimais. Des milliers de livres ont fait nos délices, il m’en a fourgué des dizaines sous prétexte que j’avais de la place, et nous en parlions. Nous avons tant parlé, ri, discuté, et monté au créneau, et discutaillé encore pour le plaisir, et hurlé de rire, les larmes aux yeux, en reniflant comme deux idiots, pour les motifs les plus saugrenus. Le son de sa voix résonne dans mes oreilles, le léger accent méridional, entretenu, j’en suis sûre, par sa faiblesse pour les petits pâtés de Pézenas. Imperturbable, il se soumettait à mes mitraillages photographiques, celle-ci est sa préférée pour l’ambiance à la Hammer, digne d’une quatrième de ses publications, d’après lui. Le meilleur goût des mauvais genres… Il se fiche bien, là, de ce que je raconte, mais c’est pas grave, je lui pardonne la tristesse abominable qu’il m’inflige pour la première fois, car Joseph, en plus d’être un homme remarquable, passionnant, sera toujours mon ami.

Joseph Altairac, 4 septembre 2016

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