D’un pas conquérant, il franchit le seuil de mon bureau entre les battants grands ouverts de ma fenêtre. Le faraud se campe sur l’à-pic du rebord en bois et agite l’oriflamme orangée de son bec, il jette des coups d’yeux ronds et brillants à droite, à gauche, en l’air, estimant les aîtres de ce sombre territoire. Encore ébloui des lumières éclatantes du soleil, il se démanche le cou pour fixer un point au-dessus de ma tête et soudain m’aperçoit dans l’ombre tandis que, raidie par la surprise de l’intrusion, je l’observe. Avec un parfait sang-froid, l’oiseau bombe alors le torse et me siffle un pfuitt empli du dédain le plus vexant qui m’ait été donné d’entendre, hommes et bêtes confondus. Puis sans se départir de son arrogance au cours de sa fuite, il tourne casaque et s’envole rejoindre sa compagnie pour, j’en suis persuadée, railler la géante enfermée dans sa cage.
La peste soit du merle moqueur !

 

97 L E M E R L E.

Le chant du Merle , qui ſe prolonge juſqu’à ſa mue, vers la fin de l’été, n’eſt agréable que dans la ſolitude des campagnes : mais on ſe plaît à l’inſtruire : il parle & retient auſſi des airs. Sa pétulance lorſqu’il eſt renfermé, empêche de le mettre dans une même cage avec d’autres oiſeaux. Le plumage du Merle eſt encore plus noir que celui du Corbeau : les femelles & les petits ſont mélangés de gris, de roux & de brun.

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