Dans quelques heures le financement participatif de SOS Terre & Mer s’achèvera. Un mois se sera écoulé d’intenses activités autour de cette page Ulule, une fenêtre ouverte sur le monde en faveur des exilés et de l’ONG SOS Méditerranée.
Une minuscule lucarne, plutôt, car nous n’avons jamais douté de la modestie de notre projet.
Cependant, sa taille n’a aucune incidence sur notre engagement ni sur le travail que nous lui avons consacré. Avant qu’elle se referme à minuit, comme dans les contes de fées, j’aimerais vous dire deux ou trois choses en mon nom.
Depuis que Mérédith Debaque m’a intéressée à sa formidable idée, il y a plus d’un an, elle occupe mon esprit. Mais pas uniquement. Comme lui, je n’ai pas mesuré le temps que je lui donnais. Le temps que je continuerai après minuit de lui verser en tribut pour ce fameux engagement, jusqu’à ce que l’anthologie arrive dans les boîtes à lettres de tous ceux qui nous ont soutenus et qui soutiennent avec nous une conception de la solidarité humaine.
J’ignore exactement mon temps horaire de travail, peut-être cent heures, peut-être beaucoup plus, il a en tout cas occupé chaque minute disponible hors exercice professionnel et grignoté largement sur ma vie quotidienne.
D’aucuns s’empresseront de déclarer que c’est un choix et que je n’ai pas à m’en plaindre : je ne m’en plains pas et je me débrouille avec les conséquences — bien douces, d’ailleurs, ma famille ne faillit jamais à suppléer mes décrochages.
Il ne s’agit donc pas du tout de gémir, mais de rappeler, peut-être d’apprendre, à ceux-là mêmes qui mettent le choix personnel d’autrui en avant pour éviter de penser aux leurs, que SOS Terre & Mer est une anthologie professionnelle, quoique bénévole. Et non seulement elle est entièrement bénévole, mais son contenu est inédit, textes comme illustrations. Et non seulement elle est inédite, mais nous aurons tous travaillé comme des acharnés pour qu’elle se présente le front haut dans la cour de la littérature imaginaire et avec le respect des gens pour lesquels nous l’avons montée.
Et SOS Terre & Mer est collective.
Quelqu’un se plaignait tout dernièrement d’une conscience collective réduite chez les artistes-auteurs, dans le fond, la remarque reste pertinente. Le ver vit dans le fruit, c’est ainsi : il faut avoir un fort sentiment individualiste pour se déclarer artiste, pour travailler durement, exiger beaucoup de soi-même et se pardonner peu avant de s’exposer et, parfois ou souvent, serrer les dents ensuite.
Ce n’est pourtant pas la conscience collective qui fait le plus défaut, davantage la confiance, je crois, quand aujourd’hui la surenchère créative impose un rythme délirant, difficile de ne pas se cramponner à son ego.
Et pourtant, SOS Terre & Mer est un projet collectif, la somme du travail de 33 participants. Tous et toutes ont offert leur temps et leur activité afin d’aider les gens, d’autres gens. Je préfère ne pas comptabiliser l’engagement horaire, nous n’aurions jamais eu les moyens pour monter une utopie de luxe.
La nôtre doit être une utopie laborieuse, alors !
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Je conclurai en remerciant notre indispensable entourage, nos familles, nos ami(e)s, nos camarades du SELF, nos appuis dans l’édition, les journalistes des sites culturels, les blogueurs et blogueuses, et bien sûr, chaque soutien de nos futur(e)s lectrices et lecteurs : grâce à vous, SOS Terre & Mer est aujourd’hui plus qu’une idée. Merci !