À cause d’un sale type sur Facebook qui croit au lieu de penser, je me suis tout à coup demandé pourquoi sa vision, dans un pays cependant riche en éducation, pouvait lui faire dire des énormités aussi renversantes de bêtise. Et c’est là que j’ai réalisé que nous en sommes manifestement restés à la représentation préhistorique du 19e, celle rapportée par des préjugés sociaux si puissants qu’ils ont dénaturé dès le commencement la recherche. Vérifiez, si vous le voulez, les catalogues d’expositions et les musées, vous conviendrez rapidement que si l’on titre Néandertal ou Cromagnon, c’est une reconstitution masculine qui s’affiche, même si quelques publications parlent de « la femme préhistorique » avec une spécificité réduite à sa participation sexuée. Mieux encore, le prestigieux musée des Eyzies expose à son entrée une énorme statue moderne d’un… homme préhistorique : le signal est incontournable, l’Homme préhistorique est un mâle. Et vous savez ce qui m’épate soudain en m’apparaissant dans sa signification brutale, vérifiée ce matin pour être certaine que mon background culturel ne me mentait pas ? Une constatation toute simple que corroborent à présent de nombreuses découvertes récentes (tombeaux avec mobilier et squelette à tête ornée finalement de femmes, mains négatives pariétales en grande partie féminines, et tant d’autres manifestations d’une population plus complexe que sa rapide assimilation aux mœurs du 19e), il s’agit d’un fait difficilement négligeable : les 244 premières statuettes recensées en 2018, représentant intégralement un corps humain, sculptées ou modelées sur une période de 20 000 ans qui a démarré il y a 40 000 ans, sont TOUTES féminines.
https://www.pole-prehistoire.com/…/226-decouverte-d-une-nou…
Les premières « Vénus paléolithiques » (l’appellation connote aussi) ont été dénichées au 19e, mais jamais les hommes pourtant intelligents, pour la plupart des érudits, n’ont réussi à dépasser leurs limitations. Ils se sont fourvoyés seuls en les écartant des organisations sociales qu’ils tentaient de découvrir, commettant des erreurs grossières en reproduisant leur propre standard de communauté. Ces interprétations toutes spéculatives, encore faussées par l’ignorance d’une moitié de l’humanité, perdurent aujourd’hui ; ce qui est beaucoup plus gênant. Ce n’est même pas du féminisme que de déclarer avec les nouveaux chercheurs qu’il était plus que temps de réviser sérieusement la base bancale de la préhistoire, c’est uniquement une nécessité scientifique, sans oublier de rétablir dès maintenant aux yeux du public, aux yeux d’enfants qui apprennent, l’intégralité du peu que l’on sait sur cette société humaine qui dura très longtemps, car il s’agit encore et encore de spéculation.
(Accessoirement, l’une et l’autre sont nus.)
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Pour mémoire de l’expression en public du personnage déclencheur, copies d’écran.